Indexation des salaires record en 2023? 7,5% de plus?
avec la collaboration de Régis Simoneschi, Daniel Frijo, Pierre Kraemer, Vito Leoci et Jean-Pierre Sosson.
Voilà à quoi ressemble « faire les courses » en 2023 pour beaucoup de travailleurs et retraités!
L’office public des statistiques fait la une avec l’annonce de trois tranches indiciaires cette année, soit 3×2,5%=7,5% d’augmentations de salaires (et retraites) pour tous les travailleurs et anciens travailleurs au Luxembourg.
9,7% d’augmentation des retraites?
Les Fédérations d’employeurs crient à la fin du monde, les syndicats insistent sur le maintien du pouvoir d’achat, les travailleurs et retraités sont contents, a priori, notamment les retraités qui ont profité d’un ajustement en début d’année de 2,2% supplémentaires d’augmentations de leurs retraites en janvier 2023, soit 9,7% en tout.
En est-il vraiment ainsi?
Il suffit d’aller sur le terrain et de parler aux gens pour voir que la réalité est beaucoup plus complexe, comme si souvent. Avant donc de prendre position, il faut comprendre. Pour comprendre, il faut… non, pas croire ce qu’on lit dans la presse… s’instruire!
L’indexation des salaires ne fait pas l’unanimité
Parlez au petit entrepreneur, coiffeur, restaurateur etc. qui vous diront à l’unisson et en toute sincérité qu’ils vont devoir augmenter leurs prix ou fermer boutique!
Pour les grands syndicats, c’est une question de principe, sans trop y réfléchir! D’autres chercheront à se distinguer pour se distinguer, mais ont-ils pensé leur position jusqu’au bout?
Les travailleurs, les femmes de ménage, les maçons, les mécaniciens, les petites gens, les gens simples, vous surprendront. Ils n’ont pas besoin de lire la presse pour sentir que les prix du pain ont augmenté de 11% en un an, même avant les indexations prévues de 2023. Ils ont compris que les prix des carburants augmentent immédiatement suite à un événement international anxiogène (pour les spéculateurs), et savent également que les prix ne baisseront pas lorsque ce même événement a pris fin. Ils ont compris que le système capitaliste leur tire l’argent des poches pour le donner à ces 1% de la population mondiale qui deviennent de plus en plus riches alors que eux, travaillent de plus en plus pour devenir de plus en plus pauvres.
Indexation des salaires: une spirale infernale?
Ils comprennent que chaque indexation, autant qu’ils en ont besoin, va pourtant servir d’excuse au système pour augmenter les prix encore plus que ce que l’indexation leur apporte. D’autant plus qu’à chaque indexation, ils doivent payer plus d’impôts, ce qui est caché sous le nom savant de progression à froid puisque le barème d’imposition n’est pas adapté à l’augmentation.
Simplement dit: on donne cent d’une main, on reprend cent-vingt de l’autre.
Étonnant que ce débat et cette approche symptomatique, pour utiliser les termes médicaux, plutôt qu’une approche étiologique. En d’autres termes: nous combattons les symptômes, les conséquences (de “nos” actes) sans chercher les causes que nous connaissons fort bien mais qui font partie d’un nouveau tabou imposé d’une main de fer comme nous en avons l’habitude en ce début des années ‘20 de ce jeune siècle. Nous préférons cacher tout cela sous le terme savant d’inflation. Et “nous” la combattons en copiant les méthodes de la “Fed” (Banque centrale aux Etats-Unis): augmenter le taux d’intérêts.
Les guerres n’arrangent que les profiteurs!
Ceux qui ont un taux variable sur leur prêt immobilier ou qui veulent contracter une nouveau prêt actuellement, ne serait-ce que pour financer une nouvelle voiture, comprendront! Tout a changé dramatiquement en un an.
Et j’ose prédire que le pire reste à venir. L’Europe, ce “projet de paix” est en guerre , mais cela touche au tabou, alors disons seulement qu’une guerre a la sale habitude de profiter aux mêmes 1% cités plus haut alors que les autres 99% meurent ou vont s’appauvrir davantage.
Sans dévier dans une discours économique, nous observerons, d’un œil douteux, si l’augmentation des taux d’intérêts va pouvoir freiner l’inflation.
2023: année électorale oblige… pour les effets indésirables, demandez conseil à votre pharmacien!
Revenons au Luxembourg et à nos “acteurs” locaux. Le problème: 2023 est une année électorale et le gouvernement a promis des allègements fiscaux. Les fédérations d’employeurs profitent de l’occasion pour demander une compensation des indexations qu’ils doivent payer.
La quadrature du cercle: les employeurs vous augmentent obligatoirement le salaire de 2,5%, et demandent au gouvernement, qui vous a promis des allègements fiscaux, de compenser ces augmentations par l’argent du contribuable, donc, les impôts. Mais comment faire sans augmenter les impôts et pire, en ayant promis de les baisser, ne serait-ce que ponctuellement?
Une victoire à la Pyrrhus!
Ce qui et inquiétant pour notre oreille syndicale, c’est ce qui n’est pas dit. Les employeurs, dans leur logique purement vénale, semblent ne pas comprendre que la “compensation” de l’indexation est la paix sociale, et non pas un paiement compensatoire. Leur exigence cache deux vérités:
- Une: ils ne craignent pas les grands syndicats ni la mise en danger de la paix sociale. Peut-être sont-ils d’avis que si les salariés avaient la mauvaise idée de brûler des palettes, ils deviendront dispensables et seront remplacés par de la main d’œuvre bon marché venue d’ailleurs…
Et deux: ils demandent à être élevés au-delà de la loi, à être affranchis de leur obligation patronale de payer l’indexation en demandant que celle-ci soit financée par les salariés eux-mêmes, via les impôts.
Compétitivité oblige! Dans l’ère des médias omniprésents (ou devrai-je dire tout-puissants), il ne faut plus croire ces mots devenus vides de sens. Demandez à nos voisins Français, ils vous diront qu’il n’ont pas d’indexation des salaires et qu’au nom de la même compétitivité sacro-sainte, les prix n’arrêtent d’augmenter!